Bien que la Tube Screamer soit la reine des overdrive, un certains nombres de pédales apparues sur le marché ces dix dernières années sont de sérieuses prétendantes au trône. La Xotic BB Preamp est l’une d’entre elles. Elle est utilisée entre autres par Andy Timmons and Greg Howe. Andy Timmons a d’ailleurs eu le privilège de voir Xotic lui fabriquer un modèle de BB Preamp portant sa signature.
Mise à jour Février 2012: des informations plus qu’intéressantes ont filtré suite à la sortie du modèle Custom Shop BB Preamp-comp. Le modèle standard sorti en 2007 a été modifié à partir du numéro de série 3643 pour avoir moins de compression. Le numéro de série de mon BB Preamp étant 526, les démos plus bas montrent donc la version la plus compressée de la pédale. Voilà où ça se complique: le modèle spécifique de BB Preamp produit en série limité et en collaboration avec Andy Timmons (le BB-AT) était en fait un retour aux sources, vers la version compressée des débuts. De façon à contenter tout le monde, Xotic a donc sorti une version Custom Shop, le BB Preamp-comp, qui comporte un switch permettant de choisir entre non compressé, un peu compressé (comme le modèle standard actuel) ou plus compressé (comme le modèle des débuts ou le modèle Andy Timmons). Pour plus de détails, rendez vous sur le site de Xotic (en anglais).
La BB Preamp, comme la Tube Screamer, fait deux choses très bien :
Utilisée avec un ampli en son clair, elle permet d’obtenir une overdrive très crédible et articulée.
Utiliser pour booster un ampli qui sature ou une pédale de distortion, elle permet d’obtenir plus de sustain et un plus gros son.
Mais la comparaison s’arrête là. La BB Preamp n’est pas un clone de Tube Screamer. Certains guitaristes n’aiment pas certains défauts de la Tube Screamer, en particulier le fait qu’elle ait tendance à manquer de basse et qu’elle n’offre pas assez de gain. La BB Preamp répond à ces critiques et offre plus de gain que la Tube Screamer, une égalisation à deux bandes très efficace au lieu d’un seul bouton tone et un volume de sortie qui peut être phénoménal. Mentionnons également que la qualité de fabrication et les composants utilisés en font une pédale silencieuse et assez haut de gamme… donc assez onéreuse : comptez dans les 200€. Il faut donc la comparer à une bonne Tube Screamer modifiée.
Le résultat est assez impressionant, la BB Preamp est une overdrive pouvant aller d’une faible saturation à un assez bon crunch doublé d’une gros boost du volume. Assez sauvage… BB est d’ailleurs une référence à « Blues Breaker », le surnom donné aux premiers ampli Marshall après qu’Eric Clapton en ait fait l’usage sur l’album mythique « John Mayall and the Blues Breakers ». Et en effet, le BB Preamp a du Marshall dans le sang…
J’ai une anecdote à propos du service clientèle de Xotic. J’ai perdu l’année dernière deux des boutons de ma BB Preamp, les petites vis les retenant s’étant dévissées. J’ai donc écrit à Xotic en leur demandant si je pouvais acheter des boutons. J’ai reçu une réponse quelques heures plus tard disant : « donnez moi le numéro de série de votre BB Preamp et je vous envoie des boutons ». Et en effet, quelques jours plus tard, j’ai reçu gratuitement chez moi en Hollande quatre boutons. Classe…
Utilisée avec un ampli en son clair
La BB Preamp peut être utilisée de nombreuses façons. Dans ces deux premières vidéos, je montre comment le BB Preamp peut se comparer avec une Tube Screamer, ici une TS-9 modifiée par Analogman, avec un ampli Fender Champ en son clair. J’active alternativement la Tube Screamer et la BB Preamp. D’abord avec une Stratocaster, donc des micros simple-bobinage :
Et maintenant avec une Gibson SG Reissue 61 équipée de micros double-bobinage :
Les réglages étaient les suivants :
Tube Screamer : DRIVE à 3h, TONE à 10h and LEVEL à 1h.
BB Preamp : GAIN à 2h, VOLUME à 1h, TREBLE à 11h and BASS at midi.
Utilisée comme Boost
Pour cette vidéo, j’ai utilisé la BB Preamp avec très peu de gain mais avec le volume à 2h pour booster une distorsion Proco RAT 2. C’est un taux de boost modéré. Il est possible d’aller bien plus loin mais attention au bruit de fond. La BB Preamp est plutôt silencieuse mais n’importe quel booster va introduire du bruit.
La BB Preamp était bien sûr branchée avant la Proco RAT 2 et les réglages étaient les suivants :
BB Preamp: GAIN à 8h, VOLUME à 2h, TREBLE à 11h and BASS à 1h .
Proco RAT 2: DISTORTION à 10h, FILTER à 3h and VOLUME à 2h.
Remarque : pour toutes les vidéos, le Fender Champ était repris par un Shure SM-57 puis enregistré par un Micro-BR. Les enregistrements ont été ensuite transférés dans Cubase 5 pour ajouter un peu de réverb et faire un peu de mastering.
Après Robert Smith et Jeff Beck, je me suis dit qu’il était temps de faire figurer un virtuose de la guitare rock comme seules les années 80 ont pu en produire, j’ai nommé Joe Satriani. Si vous ne connaissez pas Joe Satriani et que vous jouez de la guitare électrique, vous avez sans soute été enlevé par des extra-terrestres dans les années 70 pour n’être revenu sur terre que la semaine dernière (procurez-vous une copie de « Surfing with the Alien » pour commencer).
Nous allons aborder dans ce billet le matériel et le son « solo » de Joe Satriani et tenter de le recréer en utilisant des pédales tout à fait communes, recréation que je démontre dans une vidéo (voir plus bas). Bien que pour ses albums studio, surtout depuis les années 90, Satch emploie beaucoup d’effets différents pour créer des textures sonores très riches, il a une approche un peu plus simple en live et 90% du temps, il utilise la même recette pour obtenir son son. Le reste, bien sûr, est dans les doigts du maître, et ça ne se trouve pas dans les magasins.
Guitares
Bien que pour « Surfing with the Alien », son deuxième album sorti en 1987, Satriani ait utilisé une Kramer Pacer, il est vite devenu à la fin des années 80 un des principaux « endorseurs » d’Ibanez. C’est toujours le cas aujourd’hui et la série JS de guitares du constructeur japonais n’a cessé de croître. Le modèle le plus courant et le plus utilisé par Satriani est la JS1000, disponible dans une version plus abordable nommée JS100. On trouve également dans cette série, entre autres, la toute récente JS2400 avec 24 cases ou la JS1600 sans vibrato.
Pour revenir à la classique JS1000, elle dispose d’un manche vissé, de deux double-bobinages custom Di Marzio et d’un vibrato du type floyd rose à blocage. En soit, cette guitare est représentative des innovations technologiques des années 80, à l’orée desquelles Eddie Van Halen avait pris une guitare de type Stratocaster pour lui adjoindre un micro double bobinage et un floyd rose : une espèce de croisement entre Fender et Gibson, vague sur laquelle Ibanez a su surfer.
Les micros de la JS1000 ont été faits pour Satriani par Di Marzio et le micro grave a un son assez particulier, il sonne presque comme un micro grave de Stratocaster. Sur ce modèle, les double-bobinages peuvent être splittés pour sonner plus comme des simples, système des plus versatiles. Enfin, le vibrato permet tous les abus et on peut dire que Satriani est un abuseur de premier ordre, passé maître dans l’art d’obtenir les effets les plus délirants, le tout en restant accordé.
Amplis et effets
Dans les années 80, il était courant pour des guitaristes à tendance rock plutôt métallique d’utiliser des amplis Marshall « à donf », parfois boostés par une pédale d’overdrive. Satriani, au contraire, obtenait souvent son son en utilisant des pédales de disto avec un ampli en son clair, système qu’il a utilisé tout au long de sa carrière. La pédale de distorsion BOSS DS-1, d’un orange tout seventies, fût une part extrêmement importante de son dispositif des années 80 jusqu’à la sortie de son propre modèle de pédale de distorsion l’année dernière, la Satchurator, conçue en collaboration avec VOX. Au sujet de l’utilisation de pédales de distorsion, je suis allé voir Satriani au Rex en 2006, lors de la tournée « Super Colossal » et je l’ai distinctement vu passer d’un son clair à son son solo si reconnaissable en appuyant sur une petite pédale orange située devant lui ; pas de doute possible il s’agissait d’une DS-1. Cela m’a d’autant surpris que Peavey venait de sortir une série d’amplis conçus en collaboration avec Satriani (la série JSX) et que ceux-ci sont bien capables de produire de la distorsion. J’en ai conclu assez finement qu’ils devaient être utilisés en son clair lors de la tournée, la distorsion provenant de la DS-1.
Il s’agit d’une pédale ne faisant pas l’unanimité, certains la trouvent « synthétique », « trop aigue », etc. Je pense qu’elle ne sonnera pas forcément bien avec n’importe quelle guitare ou n’importe quel ampli, elle peut même sonner très mal (perso, je n’en suis pas fan avec des simples bobinages mais avec des doubles c’est une autre histoire). Aussi, ce n’est pas une pédale capable de produire 50 sons différents mais plutôt un seul donc si vous ne l’aimez pas, il n’y a pas grand chose que vous puissiez faire. Cela dit, beaucoup de pros en tirent des sons incroyables et elle est au catalogue BOSS depuis plus de trente ans ! Cette controverse au sujet de la qualité sonore de la DS-1 explique pourquoi il s’agit d’une des pédales les plus modifiées du marché. Les suspects habituels comme Analogman, Robert Keeley ou Monte Allum proposent des modifications pour DS-1 et chacune sonne différemment (je possède une Keeley et une Analogman et elles sont assez différentes mais ce sera pour un autre billet). Plus récemment, il semblerait que Satriani soit passé d’une version non modifiée à une version Keeley (comme son copain Steve Vai) mais je trouve peu de preuves à ce sujet.
Mise à jour Février 2012: j’ai trouvé récemment cette interview du maître sur le site musicplayers.com (en anglais). Elle donne un éclairage sur la DS-1 utilisée par Satch: “J’utiliserais une Boss DS-1 vintage, légèrement modifiée. Je ne peux pas vous dire quelle est la modification, c’est un secret!”. Donc sa Boss DS-1 était légèrement modifiée, mais comment exactement, le mystère reste entier.
Au sujet du son de Satriani, je m’amuse toujours à lire dans les forums qu’il ferait mieux d’utiliser une Les Paul de 1659 avec un Bassman datant de l’antiquité romaine au lieu d’une Ibanez et de pédales BOSS. J’ai vu plus d’un grand guitariste sur scène et le son de Satriani est l’un des plus gros qu’il m’ait été donné d’entendre et il est de surcroit parfaitement adapté à son style.
Il y a deux autres effets qui font partie intégrante du son de base de satriani: le delay et la wah wah. Dans les années 90, il a même utilisé jusqu’à trois delays en série ! Bien que la plupart de ses effets aient toujours été des pédales posées devant lui, il utilisait à cette époque deux delays chandler en rack en sus de sa vieille pédale BOSS DM-2 ou DD-2 (voir ce schéma sur guitargeek). Si vous avez plusieurs delays (ou un logiciel d’enregistrement), vous pouvez essayer de brancher trois delays en série, le premier avec un réglage court, le second avec un réglage moyen et le troisième avec un réglage long. Effet garanti, ça sonne un peu comme un grosse réverb mais sans utiliser une réverb.
Dans les années 2000, Satch est revenu de ce système et avait souvent juste une pédale BOSS DM-2, voici des photos des pédales utilisées pour le Experience Hendrix Tour 2010. Mais depuis l’année dernière, Satriani dispose de son propre modèle de delay conçu avec VOX (encore eux) : la Time Machine. En ce qui concerne les wah wah, le maître a utilisé divers modèles comme une vieille VOX ou le modèle 535Q de Jim Dunlop avant de se participer à la conception d’une pédale avec Moulinex.. heu non, VOX bien sûr! Il s’agit de la Big Bad Wah. Ce n’est pas une coincidence si les trois premières pédales issues de la collaboration du guitariste avec VOX sont une wah wah, une distorsion et un delay. En effet, ces trois effets sont les fondamentaux du son de Satriani. Une quatrième pédale a été annoncée au Musikmesse, il s’agit d’une overdrive nommée Ice 9.
Au sujet des amplis, comme je l’ai écrit plus haut, il les utilise plutôt en son clair, ses pédales produisant la distorsion nécessaire. Dans les années 90, il utilisait sur scène une tête Marshall Anniversary puis il est passé aux Peavey JSX. Il semblerait qu’il ait décidé d’utiliser Marshall à nouveau après sa courte collaboration avec Peavey.
Pour résumer, une wah wah, une bonne disto, un delay branché dans un bon ampli en son clair et vous devriez pouvoir recréer le son solo de Joe Satriani. Je ne dis pas que vous pourrez recréer tous les sons qu’il utilise mais probablement 90% d’entre eux, et en particulier pour jouer des classiques comme « Surfing with the Alien », « Satch Boogie » ou Ice 9.
Pour les 10% restant, ses morceaux font appel à un effet particulier sans lequel il sera difficile de reproduire le son comme la Digitech Whammy utilisée sur « cool #9 », la POG d’Electro Harmonix entendue dans « Super Colossal » ou encore l’Ultimate Octave de Fulltone utilisée sur plusieurs titres. Notez également l’utilisation, en particulier sur les son clairs, d’effets de modulation tels que le chorus BOSS CH-1, le flanger BOSS BF-2 ou la recréation d’Univibe Fulltone Deja Vibe. Ces modèles ne figurent pas toujours sur son « pedalboard » car les pédales vont et viennent au gré des tournées et des albums.
Recréons le son solo de Joe Satriani
Pour cet effort, j’ai utilisé une pédale Wah Wah RMC-1, une BOSS DS-1 non modifiée et un bon vieux delay BOSS DD-3, le tout branché dans mon Fender Silverface Champ réglé plutôt clair. Je n’ai pas de guitare de type Ibanez (j’accepte les JS1000 en donation) donc j’ai utilisé ma Gibson SG Reissue 61 car il faut des double-bobinages pour recréer ce genre de son. Et voilà le résultat :
Dommage que ne possède pas de guitare avec un floyd rose, je n’aurais pas du vendre ma guitare de shredder. S’il y a une chose que j’ai découverte cependant, c’est que Satriani a une technique extrêmement propre que mon style blueso-approximatif m’empêche de reproduire. Une des caractéristiques du style de Satriani sont ses descentes ou montées en legato tout en hammer et pull off et je suis plutôt habitué à jouer chaque note au médiator, le rendu est complètement différent. Enfin, je me serai bien amusé à ressortir ma DS-1 du placard.
Les réglages étaient les suivant :
BOSS DS-1: DIST presque à fond mais pas tout à fait, LEVEL à 12 o’clock et TONE assez bas à 8/9 o’clock
BOSS DD-3: LEVEL à 10 heures, FEEDBACK à midi, TIME à 2 heures et MODE à 800ms.
Sur l’ampli : Volume à 3, BASS à 10 and TREBLE à 2.5 (le champ est assez brillant comme beaucoup d’amplis Fender)
L’ampli était repris par un Shure SM-57 et j’ai ajouté un peu de réverb et de compression dans Cubase 5.