Après mon post sur le style et le son de Jeff Beck, je pense que cette vidéo parle d’elle même. Au passage, le groupe de Stevie Wonder est tellement carré que ça fait peur (enfin moi perso ça me fout les jetons) :
Pratique: utilisation d’un compresseur lors de l’enregistrement
Les pédales de compression sont légion sur le marché et quasiment tous les multi-effets intègrent un effet de compression. Pour un guitariste, l’utilisation la plus commune d’un compresseur est au début de la chaine d’effets pour ajouter du sustain et de l’attaque à un son clair ou saturé. Les amateurs de « country music » sauront de quoi je parle.
Je trouve cependant qu’un compresseur peut aussi être utile lors d’enregistrements, en particulier si vous devez enregistrer en direct, en utilisant un modéliseur d’ampli ou un préampli, ou encore si vous ne pouvez vraiment pousser l’ampli que vous enregistrez. Après tout, les compresseurs n’ont pas été inventés pour les guitaristes mais font partie de la palette de traitements de tout bon studio d’enregistrement. Utilisés lors des phases d’enregistrement ou de mixage, leur champ d’application est très vaste : mise en avant d’une voix, lissage d’une ligne de basse, augmentation du sustain d’une prise de guitare, etc.
Il y a quelque temps, j’enregistrais en direct en utilisant le son clair de mon préampli Marshall JMP-1, avec mes pédales (overdrive, distorsion, délai, etc.) branchées en amont. Le son me semblait un peu « statique », sans vie. Je décidai, un peu pour voir, de brancher un compresseur BOSS CS-3 modifié (modification opto plus de Monte Allum) dans la boucle d’effet du JMP-1, c’est à dire en bout de chaine.
Cela peut paraitre contraire à toutes les règles étant donné qu’on conseille toujours à un guitaristes de brancher une pédale de compression en premier dans la chaine d’effets. Mais parfois, les règles sont faites pour être transgressées. Notez que les résultats varieront en fonction de la qualité de votre pédale de compression, j’ai essayé la même astuce avec un MXR Dynacomp et obtenu de bons résultats. Mon Dynacomp n’a rien d’extraordinaire, il s’agit d’un modèle de 1995, non modifié.
Quelque soit la pédale utilisée, j’ai trouvé le résultat plaisant, plus réaliste, avec plus de sustain et des harmoniques qui ressortent. Notez que la différence est subtile mais il me semble que l’utilisation d’un compresseur à la fin de la chaine reproduit en partie la compression naturelle d’un ampli à lampes qu’on pousse un peu.
J’ai enregistré quelques démonstrations sonores en utilisant ma Fender Stratocaster équipée de micros à réduction de bruit Kinman, une pédale de distorsion Pro Co RAT 2 et un delay BOSS DD-3, le tout branché dans un préampli Marshall JMP-1 connecté directement à la carte son de mon ordinateur (une EDIROL FA-66).
Voici le son sans compression :
Cela n’est pas trop mal mais largement améliorable. Écoutez maintenant le même son de guitare bénéficiant de la compression d’un MXR Dynacomp placé dans la boucle d’effet du Marshall JMP-1. Le niveau de la boucle d’effet est réglé de telle façon que le son ne passe pas à travers le compresseur à 100% mais environ 80%:
Je trouve le résultat plus « lisse », avec plus de sustain et d’harmoniques.
Et voici la même configuration avec la boucle d’effet réglée au maximum :
Encore mieux, je trouve. Le Dynacomp était réglé de la façon suivante: output à 9h et sensitivity à 10h.
Et voici maintenant la même astuce avec un BOSS CS-3 (modifié par Monte Allum):
Réglages du CS-3: Level à 3h, Tone à 10h, Attack à 10h et Sustain à 11h.
En conclusion, je vous conseille d’expérimenter avec un compresseur au bout de la chaine d’effets, vous pourriez avoir de bonnes surprises !
Ellis Stompbox
Je suis tombé par hasard sur cette invention australienne en surfant sur le site de Palm Guitars, un magasin d’instruments rares d’Amsterdam.
La « Ellis Stompbox » est une boite en bois avec un micro à l’intérieur et une sortie jack pour la connecter sur une sono ou un ampli de basse. L’idée est de transformer votre pied en un puissant instrument de percussion.
Cette « boombox » a été adoptée par nombre de guitaristes acoustiques mais aussi par d’autres instrumentistes. Voici par exemple une vidéo du pianiste Jamie Cullum en train d’utiliser une Ellis Stompbox:
Le site d’Ellis Guitars regorgent de vidéos et il est possible d’y acheter votre exemplaire dans le bois de votre choix (239 dollars australiens sans le port soit environ 150/160 Euros au cours du change actuel).
Guitaristes : le son et le style de Jeff Beck
Je ne pense pas que Jeff Beck ait besoin d’être présenté. Il est l’un des inventeurs de la guitare rock, a joué avec tout le monde ou presque mais il est surtout l’un des guitaristes de rock les plus originaux.
Nous allons voir comment nous pouvons approcher son son de guitare en utilisant des pédales assez communes et évoquer plus en détails son style guitaristique inimitable. Si vous ne connaissez pas sa musique, le « Live at Ronnie Scotts » sortie fin 2008 est une bonne introduction, il s’agit d’un live récent de Jeff Beck, au sommet de son art.
Il est assez ironique de présenter le matériel de Jeff Beck dans la mesure où il s’agit d’un guitariste qui personnifie une notion que je partage à 100%, à savoir que le « son est dans les doigts ». Bien sûr, il faut un peu plus que juste dix doigts pour obtenir un son de guitare mais dans le cas de Jeff Beck, le matériel représente certainement moins de la moitié de son son. D’aucuns disent qu’il est un « multi-effet ambulant » et c’est un peu vrai. En tout état de cause, son matériel est choisi pour lui permettre d’utiliser toutes ses techniques sonores.
Guitare
Commençons pas ses guitares. Bien qu’il ait utilisé nombre de modèles au cours de sa longue carrière, y compris des Les Paul et des Telecaster, on associe le plus souvent Jeff Beck à la Fender Stratocaster, guitare qu’il utilise quasi-exclusivement depuis 30 ans. Il en exploite d’ailleurs toutes les ressources sonores : utilisation tantôt subtile tantôt abusive du vibrato, brillance du micro aigu, qualité plus sombre du micro grave, violoning en utilisant le bouton de volume, slap, etc.
Il est intéressant de remarquer que tout comme Eric Clapton, Jeff Beck dispose d’un modèle « signature » de Stratocaster depuis les années 80 et que ce modèle a changé au cours des années. Je me rappelle que je bavais devant le modèle Jeff Beck d’il y a 20 ans, celui-ci était équipé de micros lace sensor et d’un curieux double-bobinage en position aigue. Le modèle actuel est équipé de micros Fender noiseless et d’un système de vibrato moderne nommé LSR roller nut.
Amplis
Jeff Beck est resté fidèle aux amplis Marshall. J’ai eu la chance de le voir à l’Olympia en 2001 et il utilisait à l’époque deux deux-corps JCM 2000 DSL 100. C’est d’ailleurs une configuration qu’il a utilisé pendant quasiment toutes les années 2000. Les férus de matos on remarqué un changement lors du « Live at Ronnie Scotts » en 2008 et dans les concerts d’après. En effet, il est passé de DSL 100 à un JTM-45 (sans master volume) et un Vintage Modern. Quoiqu’il en soit, Jeff Beck a indéniablement un « son Marshall ». Pour les plus anglophones d’entre vous, sachez qu’il y a ici, un entretien récent en vidéo avec le technicien guitare de Jeff Beck qui donne un certains nombre d’informations intéressantes au sujet de ses amplis et de leurs réglages. On y apprend en particulier que le JTM-45 a une place prépondérante dans le dispositif, que les basses sur l’ampli sont à zéro et que les contrôles de la guitare sont mis à contribution pour changer la couleur sonore. A ce sujet, le modèle de stratocaster que Jeff Beck utilise a un contrôle de tonalité générale et non pas un contrôle de tonalité pour le micro grave, un pour le micro milieu et aucun pour le micro aigu comme c’est le cas traditionnellement.
Effets
Au cours de sa carrière, Jeff Beck est connu pour avoir utilisé très peu d’effets entre sa guitare et son ampli. Pendant un temps, vers les années 80, il utilisa une distorsion Proco Rat mais aussi un flanger. Quand je l’ai vu sur scène en 2001, il n’avait qu’une wah wah entre sa guitare et ses amplis. Pour le « Live at Ronnie Scotts » et les concerts ultérieurs, il a été vu en train d’utiliser une pédale d’overdrive assez rare et chère, la Klon Centaur de façon à obtenir plus de saturation (ou peut-être pour compenser le fait que le JTM-45 a moins de saturation qu’un ampli Marshall récent).
Cependant, c’est que cela n’est pas parce qu’il n’utilise pas beaucoup d’effets entre sa guitare et son ampli qu’il n’utilise pas d’effet du tout. Dans la plupart de ses enregistrements studio, le son de Jeff Beck se voit « augmentée » d’une assez grosse réverb et parfois de delay. Quand je l’ai vu sur scène, on pouvait clairement entendre de la réverb et du delay ajoutés à la console. Petite digression à ce sujet, la quantité de réverb que l’on peut utiliser en live dépend du lieu, pas besoin de réverb dans une église par exemple.
Pendant le « Live at Ronnie Scotts », on peut voir grâce au DVD enregistré pour l’occasion, qu’une réverb Lexicon ALEX est posée sur l’un des amplis. Plusieurs personnes disent avoir claierement vu Jeff Beck manipuler la réverb en question pendant le concert. Il semblerait que comme Ronnie Scott est un club relativement petit, une unité de réverb ait été nécessaire pour obtenir ce son spacieux.
Recréons le son de Jeff Beck
Pour recréer le son de Jeff Beck, j’ai décidé délibérément d’utiliser une des pédales d’overdrive les plus communes et les moins chères du marché, la BOSS SD-1, branchée dans un ampli en son clair. La SD-1 sera plus proche du son de Jeff Beck d’il y a quelques décennies que du son récent où il me semble utiliser plus de gain.
J’ai également décidé d’ajouter une pédale de réverb, une BOSS RV-3, malheureusement plus fabriquée mais n’importe quelle bonne réverb peut faire l’affaire (voir même la réverb de votre ampli).
Une overdrive, une réverb et… une Stratocaster bien sûr. Ma strat est une American Classics Custom Shop équipée de micros à réduction de bruit Kinman. Mon système de vibrato classique a d’ailleurs eu du mal à tenir l’accord…
L’idée ici est de montrer que vous n’avez pas besoin d’un monstrueux Marshall pour « approcher » le son du maitre. Ce qui est difficile à reproduire sont les différentes techniques utilisées plus ou moins subtilement par Jeff Beck pour créer ces sons si uniques, juste avec la guitare :
- utilisation des doigts, pas de médiator !
- slap : Jeff Beck tire souvent sur les cordes comme les bassistes le font quand ils slappent. C’est particulièrement efficace avec une strat, peut-être parce que le vibrato « rebondit » en quelque sorte.
- violoning : utilisation du volume de la guitare pour supprimer l’attaque des notes et ainsi créer un effet de « violon »
- vibrato: utilisé aussi bien pour créer des effets de modulation subtils ou beaucoup plus prononcés. Jeff Beck est l’un des maitres absolus en matière d’utilisation du vibrato.
- utilisation des différents micros de la strat : brillance du micro aigu, son plus sombre du micro grave
C’est un catalogue incomplet bien sûr mais je démontre, enfin j’essaye, certaines de ces techniques dans cette vidéo (qui j’en suis bien conscient n’est pas exactement un grand moment de musique) :
Les réglages étaient les suivants:
- Sur le Champ: Volume 2.5, Bass 10 Treble 2
- Sur la SD-1 : Gain à fond, tone à 9 heures et level à 1 heure
- Sur la RV-3: Mode Hall, Balance à 1 heure, tone à 10 heures, Time à 1 heure
Le tout a été enregistré avec un BOSS Micro-BR, repris avec un shure SM-57 et mixé dans Cubase 5, un peu de compression a été ajoutée à la guitare et au mix.
Enfin, voici un court échantillon montrant le son clair de base suivi du son saturé avec la SD-1 seul et enfin l’ajout de la réverb RV-3 :
[audio:http://www.guitartoneoverload.com/audioHIDDENZZZZ/JeffBeckFX.mp3|titles=Jeff Beck FX Before and After]