Alors que je cherchais des informations sur le son de Clapton et plus particulièrement sur un modèle de chorus en rack légendaire, le CS 5 Tri Stereo Chorus, je suis tombé sur cette vidéo des années 80 où Steve Lukather nous montre son abondant matos (an anglais). Autant dire que je n’aurais pas aimé être un roadie à l’époque :
Quant au Tri Stereo Chorus que l’on voit brièvement dans la vidéo, il vit encore dans certains produits Line 6 qui le modélisent, notamment la pédale de chorus « Space Chorus« .
Le suivant dans ma série « le son de » est Eric Clapton, une légende que l’on ne présente plus. En fait de son, je devrais plutôt évoquer les sons d’Eric Clapton. En effet, Slowhand, un de ses nombreux surnoms, a eu deux périodes bien distinctes en terme de matos, et donc de son : une période « Gibson » du début de sa carrière dans les années 60 jusqu’au début des années 70 avant d’adopter dans un deuxième temps la Fender Stratocaster, guitare qu’il utilise toujours actuellement.
Ce premier billet d’une série de deux est consacré aux années Gibson. Je vais essayer de vous montrer comment approcher le son d’Eric Clapton à un niveau sonore raisonnable ce qui n’est pas simple étant donné la propension du maître à utiliser des gros amplis sans master volume et réglés le plus fort possible. Et n’oublions pas que, pour une grande partie, le son est dans les doigts et dans la maîtrise de l’instrument. Mais parlons tout d’abord de ses guitares et de ses amplis.
La naissance d’un classique : Gibson et Marshall
L’album qui a vu exploser Clapton est bien sûr le « John Mayall and the Bluesbreakers with Eric Clapton » aussi appelé « The beano album » du nom de la bande dessinée que Clapton lit sur la pochette. Cet album est sorti en 1966 et le son de guitare y était assez révolutionnaire pour l’époque. En effet, Clapton fût l’un des premiers à utiliser une Les Paul (modèle peu populaire à l’époque) branchée dans un ampli Marshall JTM45 réglé « à fond » de matière à le faire saturer. Le résultat était un son bien gras devenu un classique absolu par la suite.
A l’époque, Marshall était une marque inconnue et le JTM 45, surnommé plus tard « Bluesbreaker » du nom du groupe dans lequel officiait Clapton, en fût le premier modèle. Il était de surcroit très inspiré des modèles Fender. La paire classique Gibson/Marshall vivait ses premières heures et Clapton fût l’un de ceux qui la popularisèrent. Il y a des anecdotes (ou plutôt des légendes ?) qui affirment que l’ingénieur du son enregistrant Clapton l’aurait trouvé bien trop fort et lui aurait demander de baisser le volume ce qu’il refusa de faire étant donné que cela aurait baissé le taux de saturation. En effet, sur un JTM45 comme sur la plupart des amplis vintage, le volume et le gain sont contrôlés par le même bouton.
Le « Woman Tone »
Après le succès du JTM45, Marshall répondit aux aspirations de nombre de guitaristes de disposer d’amplis plus puissants et le Marshall 2 corps 100W était né. A l’époque, les sonos n’étaient pas assez puissantes pour reprendre les guitares donc les guitaristes avaient besoin d’amplis à fort volume pour se faire entendre dans des grandes salles. Cela explique pourquoi certains groupes n’hésitaient pas à utiliser plusieurs 100W Marshall sur scène (après, on s’étonne de la prévalence de la surdité chez les rockeurs de plus de 60 ans).
Après les Bluesbreakers, Eric Clapton rejoint Cream, groupe mythique s’il en est. Sa Les Paul fut volée au début de l’aventure et il passa sur une ES335 et une SG à la peinture psychédélique. En utilisant ces guitares avec un deux corps Marshall à fond, Clapton créa ce que l’on a appelé plus tard le « Woman Tone » en jouant sur le bouton de tonalité des micros. A cet époque, il utilisa également un effet entièrement nouveau, la wah wah. Voici une interview du guitariste anglais réalisée en 1968 dans laquelle il explique le « secret » de ce son (en anglais) :
Ce que je trouve frappant dans cette vidéo m’est pas tellement la coiffure ou la superbe moustache de Clapton mais cette réverb qu’on peut entendre dans le son de guitare. Sachant qu’à ma connaissance les Marshall d’époque n’avait pas de réverb intégrée, s’agit-il d’une réverb de studio à plaques ? Ou juste le son de la pièce dans laquelle les amplis sont placées ? Mystère…
J’ai essayé d’approcher ce son en utilisant un petit ampli Fender Champ réglé en son clair, une wah wah Morley et une pédale d’overdrive, une Ibanez TS9 Tube Screamer modifiée par Analogman. Pour me rapprocher du son de la vidéo précédente, j’ai ajouté, après coup, une réverb de type « plate » (à plaques) dans Cubase 5. J’ai utilisé pour cela le plugin Reverence avec le preset « Vintage Plate Reverb 2s ».
Je trouve que cette approximation du « Woman Tone » fonctionne mieux avec le micro grave de ma Gibson SG 61 Reissue mais cela reste intéressant avec le micro aigu ou les deux micros ensemble. Voilà le résultat dans une courte vidéo :
L’ampli était réglé en son clair (Volume à 2,5) et les réglages sur la TS9 modifiée par Analogman étaient les suivants : Drive à 3h, Tone à 9h et Level juste au-dessus de midi. La wah wah était branchée avant la Tube Screamer et l’ampli était repris par un micro RODE NT4.
C’est tout pour aujourd’hui, à vos Gibson ! Dans le prochain billet consacré au son de Clapton, nous parlerons de Stratocasters !
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Jimi Hendrix a enregistré un mini album de Noël lors de la nuit de la Saint Sylvestre 1969 (lien Amazon ici).
Avant-goût de l’esprit vaudou de Noël dans cette vidéo (merci Rue 89) :
Peu connu en France, Carl Verheyen est l’un des guitaristes de studio les plus prisés de Los Angeles. Il accompagne également certains grands noms comme Supertramp en concert. Fort de près de 40 ans d’expérience, il vient de lancer son blog (an anglais) où ils donnent des conseils de pro à nous, insignifiants mortels.
Je me souviens de la première fois que j’ai entendu monsieur Verheyen faire parler la poudre, c’était il y a environ 10 ans lorsque son album rock/blues/fusion « Garage Sale » est sorti, et on peut dire que j’avais pris une bonne claque. Voici un petit exemple de ce dont il est capable, petite reprise solo de Little Wing d’Hendrix, faite à brule pourpoint lors d’une masterclass (la qualité de la vidéo n’est pas excellente mais permet de se rendre compte du talent du monsieur) :
Voici une autre vidéo où il explique comment régler le vibrato de sa Stratocaster pour se débarrasser des problèmes d’accord (et il démontre le résultat avec une Strat tex mex de base) :