On m’a suggéré l’idée d’écrire un peu plus pour les non spécialistes des effets. J’ai également remarqué des requêtes google intéressantes menant à ce site. Par exemple celle-ci : « Quelle est la différence entre la Satchurator et la Ice 9 overdrive ? ». Ces deux pédales font partie de la série concoctée par VOX avec l’aide de Joe Satriani.
La différence est la suivante : la Satchurator est une distorsion tandis que l’Ice 9 est une overdrive.
Quelle est donc la différence entre une pédale d’overdrive et une pédale de distorsion ? Pour simplifier, une overdrive a pour but de recréer le son d’un ampli à lampes poussé dans ses derniers retranchements. Une distorsion n’essaye pas de copier la réalité et en général dispose de plus de gain, elle est plus « sale » et agressive.
Dans les années 60, la seule façon d’obtenir de la saturation était de mettre son ampli à fond. Et les amplis de l’époque n’ayant pas de master volume, ils devaient être poussés très très fort. Les pédales fuzz se proposaient de recréer ce son sans avoir à mettre son ampli sur 10. Très en vogue à la fin des années 60, on ne peut pas dire qu’une fuzz reproduise le son d’un ampli à lampes. Je prépare un post sur les sons fuzz pour bientôt.
Un peu plus tard, des magiciens de l’électronique inventèrent les pédales d’overdrive. Celles-ci étaient plus « crèmeuses » que les fuzz de l’époque et s’approchaient avec plus ou moins de bonheur du son d’un bon ampli à lampes qui sature, son dont les bluesmen et autres rockeurs sont si friands. L’Ibanez Tube Screamer sortie à la fin des années 70 est un exemple de pédale d’overdrive au succès immense (voir mon précédent post à ce sujet).
A peu près à la même époque furent inventées les pédales de distorsion qui offrent un son plus sale, avec plus de gain. La BOSS DS-1 qu’affectione particulièrement Joe Satriani ou la Proco RAT en sont de bons exemples.
Et lorsque les guitaristes mirent la main sur ces nouveaux jouets, ils cumulèrent parfois une overdrive ou une distorsion avec la saturation de leurs amplis pour créer des sons totalement nouveaux, comme ils le firent à l’époque où les pédales fuzz régnaient sans partage. Mais cette histoire sera pour une autre fois…
Tous les guitaristes, ou presque, ont à gérer le problème de l’équilibre sonore entre les rythmiques et les solos.
Vous avez surement tous connu un moment d’effroi lorsqu’après un concert où vous avez joué les meilleurs solos de votre vie, on vous explique que le public n’a pu les entendre à cause d’un son trop faiblard.
En 2010, on pourrait penser qu’il s’agit d’un problème trivial mais il n’en est rien. Et cela est du au fait que la modification du volume ou du gain d’un élément de votre chaine sonore peut avoir un effet indésirable sur votre son de guitare. A moins que vous ne soyez déjà une rock star et que votre ingénieur du son augmente le volume aux moments clés, il existe un certains nombre de solutions pour gérer votre volume et je vais en faire la liste dans ce billet.
Utilisation du bouton de volume de votre guitare ou d’une pédale de volume
C’est la première solution qui vient à l’esprit. Après tout, votre guitare est pourvu d’un ou plusieurs boutons de volumes, pourquoi ne pas le ou les utiliser ? Le problème est que la réduction du volume au niveau de votre guitare signifie que le signal envoyé à vos effets et/ou votre ampli est lui-même réduit. Les pédales de distorsion/overdrive ainsi que votre ampli ne vont pas être capable de fournir autant de distorsion que si le bouton de volume est à ’10’ sur votre guitare. Cela peut être utile pour certains style. Les guitaristes de Blues Rock utilisent ce phénomène à leur avantage. En baissant le volume, ils récupèrent un son moins « sale » pour le travail rythmique et quand ils passent en solo, ils poussent le volume à 10 sur leur guitare ce qui fait travailler plus leurs pédales et amplis. Ce système était très courant dans les années 60/70, il suffit de regarder une vidéo d’un concert d’Hendrix pour voir qu’il manipulait constamment son bouton de volume (et la stratocaster est particulièrement efficace pour cela, bien plus que toutes les Gibson que j’ai pu essayer). Bien sûr, si vous jouez plutôt en son clair, pour les rythmiques comme pour les solos, c’est une excellent solution.
L’utilisation d’une pédale de volume en début de chaine, juste après votre guitare revient au même. La baisse de volume va entrainer une perte de gain et donc de taux d’overdrive/distorsion. L’avantage d’une pédale de volume est qu’elle peut être plus progressive que certains potentiomètres de guitare.
Utilisation d’un ampli à canaux multiples
Une autre solution est d’utiliser un ampli avec suffisamment de canaux pour en dédier certains à la rythmique et d’autres aux solos. Ces amplis sont en général plus onéreux que les classiques un ou deux canaux. Par exemple, les modèles les plus haut de gamme de la série JVM de Marshall comportent deux « master volumes » et sont programmables. Les années 90 ont vu la fabrication de nombre de modèles à trois canaux. Ils ne conviendront pas nécessairement à ceux d’entre vous qui ont besoin d’un canal rythmique très saturé en plus d’un canal « lead » tout aussi saturé. En effet, beaucoup de ces modèles offraient un canal clair, un canal crunch et canal haut gain.
Utilisation de deux pédales d’overdrive/distorsion
Il s’agit d’une solution très flexible: vous pouvez régler une pédale avec un volume « rythmique » et une deuxième avec un volume plus propice aux solos. En mode solo, vous pouvez avoir les deux pédales enclenchées simultanément pour plus de gain ou juste la pédale solo. Il peut s’avérer difficile de passer d’un son à l’autre mais avec des pédales types BOSS ou Ibanez il est en général possible d’en presser deux à la fois grâce à leurs larges interrupteurs. Combiner deux pédales de distorsion/overdrive fera l’objet d’un billet spécifique car il s’agit d’un vaste sujet mais je vous conseille d’expérimenter dans ce domaine. Certaines pédales récentes comportent un interrupteur de « boost » pour les solos, je pense en particulier à la Satchurator ou à la Ice 9 tout juste annoncée à la Musikmesse de Francfort. Ces pédales, conçues par VOX avec l’aide de Joe Satriani, comportent un interrupteur nommé « more » qui donne un supplément de volume pour les solos. Citons également la « Box of Rock » du petit fabricant ZVex qui comporte un interrupteur de boost.
Utilisation d’un multi-effet ou d’un modéliseur d’amplis
Ceux d’entre vous qui possèdent une de ces machines sophistiquées ont moins de problèmes. En effet, il est facile de programmer des patches rythmiques et des patches pour les solos. Il m’est arrivé plus d’une fois d’utiliser un Line 6 POD branché en direct dans la console pour des concerts. Cela fait hurler les puristes mais il faut avouer que le résultat n’est pas mal du tout et que cela est bien pratique.
Utilisation d’un « clean boost » ou d’une pédale de volume en bout de chaine
Si comme moi vous utilisez un certaines nombre de pédales branchées dans un ampli en son clair, la solution la plus facile pour passer d’un volume « rythmique » à un volume « solo » est d’utiliser une pédale de « clean boost » en bout de chaine. Je ne suis pas sûr qu’il existe une traduction française appropriée pour ce terme mais sachez qu’un « clean boost » prend le signal et en augmente le volume en l’altérant le moins possible. En gros, il s’agit du même son mais plus fort. J’utilise personnellement une BOSS LS-2 qui peut être bien plus que juste une pédale de clean boost. Elle vous permet également de passer d’une chaine d’effets à une autre, chacune d’entre elles disposant de son propre volume. Une pédale de clean boost abordable et qui semble très courue est la MXR Micro Amp dont j’ai entendu beaucoup de bien. Une alternative consiste à utiliser une pédale d’égalisation telle la BOSS GE-7 ou la MXR 10 band EQ. Celles-ci disposent d’un réglage de volume qui permet d’obtenir un boost appréciable. Une autre alternative consiste à utiliser une bonne vieille pédale de volume à la fin de la chaine d’effets. Gardez à l’esprit que votre ampli devra avoir assez de « réserve de son clair » car une pédale de boost le fera éventuellement distordre si cela n’est pas le cas (ce qui peut être un effet sympathique ceci dit).
Si votre saturation principale provient de votre ampli, cette solution peut être plus difficile à mettre en œuvre. Cela dit, certains guitaristes placent une pédale de clean boost ou de volume dans la boucle d’effet de leur ampli (si celui-ci en est pourvu bien entendu). Dans ce cas, faites attention à l’impédance de votre boucle d’effet et celle de la pédale que vous y placez. La plupart des pédales ne poseront pas de problème mais certaines ne vont pas pouvoir prendre le niveau de la boucle. Il se peut également que votre boucle d’effet dispose d’un niveau réglable ce qui vous permettra de vous adapter à n’importe quel pédale.
Ce que j’apprécie particulièrement dans le fait de contrôler le volume en bout de chaine est qu’il est possible de passer d’une rythmique à un solo en son clair comme en saturé, la palette sonore s’en trouve augmentée.
Notez que les pédales de clean boost peuvent aussi se placer en début de chaine, juste après votre guitare et dans ce cas l’effet dépendra beaucoup du taux de distortion que vous utilisez plus loin dans la chaine. En effet, plus vous aurez de distorsion après un clean boost moins celui-ci aura d’effet sur le volume mais plutôt sur le taux de distorsion (ceci s’explique par le fait qu’un signal distordu est en même temps compressé). Cela peut être un effet que vous recherchez, c’est un peu comme passer d’un canal « crunch » à un canal très saturé. Dans le cas où vous utiliseriez un taux modéré de distorsion, le clean boost va augmenter le volume en même temps que le taux de distorsion, tout est une question de style et de dosage.
Conclusion
Comme toujours, chaque solution est valable et va dépendre de ce que vous recherchez et de votre style. Et n’oubliez pas que le volume n’est pas tout. Le son adéquat pour « passer à travers le mix » est tout aussi important! J’ai également écrit un poste sur l’utilisation de compresseurs en bout de chaine ce qui peut être une piste intéressante quoique je ne la trouve pas aussi efficace que l’utilisation d’un « clean boost ».