Le GT-100, vaisseau amiral de la galaxie Boss de multi-effets, est sur le marché depuis environ deux ans. Il a récemment bénéficié d’une mise à jour logicielle nommée « Version 2 » ou V2 qui propose de nouveaux effets et de nouvelles fonctionnalités.
Au lieu d’écrire un catalogue des caractéristiques du GT-100 v2, j’ai décidé d’adopter une approche plus personnelle en décrivant mon expérience avec cette machine que Roland Australie a bien voulu me prêter pendant un mois. Ce billet est illustré d’une vidéo (voir plus bas) présentant mes sons et effets favoris.
Procédure de mise à jour
Tout d’abord, précisons qu’une version 1 du GT-100 m’a été prêtée par Roland Australie. J’ai donc effectué la mise à jour en suivant les instructions fournies par Boss. Elle nécessite un câble USB et un PC sous Windows ou un Mac et s’avère facile (en gros, il suffit d’un pilote et de copier le fichier de mise à jour vers the GT-100 avant de redémarrer l’engin). En tout et pour tout, la manipulation prend moins de une minute.
Cette vidéo de Roland Europe a des sur-titres en Français et montre les différentes étapes.
Avant d’effectuer la mise à jour, j’ai passé un peu de temps à me familiariser avec la version 1 pour avoir une idée des changements apportés. La bonne nouvelle est que ces changements introduisent des améliorations sans apporter de problèmes (ce qui n’est pas toujours le cas).
Une chaîne d’effets et d’amplis virtuelle
Le GT-100 v2 est une chaîne de traitement du signal complète avec pédales, amplis et haut-parleurs virtuels représentés sur le double écran graphique. Au menu : des modèles classiques de chez Boss mais pas seulement. Par exemple, dans le département overdrive/distortion, on trouve aussi bien une OD-1 ou une Blues Driver qu’une Big Muff, une RAT ou une Marshall Guv’nor. Pareil pour les compresseurs, on trouve du Boss mais aussi des recréations du Dynacomp ou de l’Orange Squeezer.
La version 2 du logiciel ajoute des effets MDP (dernière techno de chez Boss) comme le Tera Echo, l’Adaptative Distortion ou l’Overtone, tous disponibles sous la forme de pédales séparées. J’aime particulièrement le Tera Echo (voir la vidéo ci-dessous).
L’ordre des effets et amplis virtuels peut être changé à volonté, il est tout à fait possible de mettre une réverb en tout début de chaîne si ça vous chante ! On trouve également une boucle d’effet mono pour intégrer une chaîne d’effets externe au signal traité par le GT-100 v2.
Autre caractéristique sympathique : il y a dans chaque « chaîne » deux amplis, on peut donc passer de l’un à l’autre en pressant sur l’interrupteur au pied dénommé « Accel », un peu comme un ampli à deux canaux.
Acquisition virtuelle de matos
La façon dont j’ai approché ce test du GT-100 v2 a consisté à créer ce que je considère être un système « de rêve » pour enregistrer en direct.
Commençons par les amplis, le Bassman est le grand-papa de tous les amplis (peu ou prou), il fût donc mon choix pour l’ampli A. Un peu hors sujet : le Bassman fût beaucoup utilisé par Hendrix en studio, Voodoo Chile est un bon exemple du gros son crêmeux obtenu. La simulation de Bassman du GT-100 v2 ne m’a pas déçu, elle est très dynamique, répond au doigt et à l’oeil et se trouve affectée d’une bonne façon par le bouton de volume de la guitare. Le GT-100 v2 a plusieurs sections d’égalisation (au niveau de l’ampli, comme un effet, global) ce qui permet de bien s’adapter à chaque guitare. J’ai trouvé l’égaliseur global très pratique pour passer de ma Strat (assez brillante) à ma Gibson SG (plus sombre) sans avoir à toucher les presets. Pareil pour la réverb, il y a un réglage global qui vous permettra de vous adapter au local où vous jouez sans avoir à reprogrammer tous les patches.
Deuxième ampli (accessible en appuyant sur l’interrupteur au pied « Accel ») : le Marshall Plexi, grand classique de l’ampli de rock à jouer très fort. J’ai choisi le modèle simulant les deux entrées en même temps et le résultat est assez Malmsteen-esque surtout que le niveau maximum de gain est supérieur à un vrai ampli (avantage de la simulation). J’ai aussi mis une petite overdrive devant chaque ampli.
Finalement, j’aime assez que mon son de guitare ait une qualité un peu « Studio » surtout quand j’enregistre en direct. J’ai donc ajouté un peu de chorus, de delay et une bonne dose de réverb à plaques.
Me voici donc aux commandes de deux amplis légendaires agrémentés d’effets de qualité studio, le tout pouvant être enregistré directement par mon ordinateur. En pressant sur « Accel », je passe d’un ampli à l’autre tandis que la pédale d’expression devient une Wah Wah à l’accent vintage en pressant sur la pointe, de quoi faire du rock !
Il ne s’agit bien sûr que d’un exemple, le nombre de possibilités tend vers l’infini et le GT-100 v2 s’adaptera à n’importe quel style (loving you).
Boss Tone Central
Ecrire ses propres « presets » sur une machine de la complexité du GT-100 v2 peut s’avérer difficile au départ. Les presets livrés avec la machine ne sont pas mauvais du tout et ne cède pas à la tentation du « tout à fond » que l’on rencontre trop souvent.
Mais si vous en voulez plus, Tonton Boss a la réponse, j’ai nommé
Boss Tone Central, l’une des nouveautés de la version 2. Il s’agit d’une bibliothèque en ligne de presets. Un logiciel nommé « Boss Tone Studio », téléchargeable depuis le site est disponible pour PC et Mac, et permet de naviguer parmi les presets et de les télécharger directement dans la mémoire du GT-100 v2 par le truchement d’un câble USB.
Certains de ces presets ont été programmé par du menu fretin tel que Steve Lukather, excusez du peu.
Dans le studio
La V2 apporte également des améliorations sur le front de l’interface audio. Comme la version « de bureau » (le GT-001), le GT-100 v2 présente maintenant 4 entrées virtuelles à votre séquenceur audio favori. J’ai vérifié la chose avec Cubase 7 : l’idée est que deux des ces entrées « présentent » le son traité avec tous les effets tandis que les deux autres « présentent » le son de la guitare « sec », sans effet, l’idée étant de pouvoir faire du « re-amping », technique à la mode dans les studios où on peut faire le son de la guitare à posteriori en le passant dans des plugins (ou dans le GT-100 v2).
A ce sujet, nombre de sons de guitares entendus sur des hits sont produits comme ça, imaginez le pauvre gars qui utilise en studio un ampli vintage de la mort pour le voir remplacé par un plugin. Enfin, ça peut paraître un gadget mais la V2 apporte un convertisseur audio vers midi monophonique qui ne nécessite pas de micro spécial comme le micro Roland hexaphonique. Il y a donc un peu (beaucoup) de latence mais c’est assez cool (je l’ai essayé avec une basse synthé dans Cubase, effet garanti).
Live
Jusqu’ici, j’ai surtout parlé de l’utilisation du GT-100 v2, pour enregistrer en direct. On peut bien entendu l’utiliser en live, c’est même conseillé. On peut le brancher directement dans la console ou dans son ampli de guitare favori, ce que je me suis empressé d’essayer avec mon mon vieux Fender Champ de 1974. Il daut un peu bidouiller les réglages (surtout l’égalisation) mais ça sonne plutôt bien !
Pour ce faire, j’ai utilisé les simulations de pédales et d’effets du GT-100v2 mais pas les simulations d’ampli qui font un peu « ton sur ton ». La simulation de RAT est par exemple assez bluffante comparé à une vrai RAT. Allié à un peu de réverb et de Tera Echo, on n’a pas besoin de beaucoup plus. Notez que le GT-100 v2 a un réglage de sortie (« output ») pour s’adapter à ce sur quoi on va le brancher (console, gros ampli stack, combo, petit combo, etc.) et qui joue sur l’égalisation. Nous voici donc aux commandes d’une chaîne d’effets des plus versatile, sans oublier la pédale d’expression qui sert de pédale de volume, de wah ou peut encore contrôler le pitch pour des effets de Whammy,
Conclusion
Le GT-100 v2 m’a fait très bonne impression. Bien sûr, il ne clôt pas le débat opposant la modélisation aux bon vieux amplis à lampes. Ce que je pense cependant est qu’il est possible d’obtenir des sons très réalistes et répondant très bien au touché comme au bouton de volume, comme de vrais amplis. Aussi, qui d’entre nous peut se permettre d’utiliser un Plexi et un Bassman à fond que ce soit en home-studio, en répète ou en concert ? C’est là que la modélisation trouve son utilité, bien sûr. Autre avantage, un multi-effet comme le GT-100 v2 remplace une myriade de pédales ce qui peut être utile pour se familiariser avec certains effets avant de craquer pour un modèle vintage ou boutique.
Les simulations d’amplis ont progressé depuis la fin des années 90 et les ingénieurs de chez Boss ont manifestement travaillé sans relâche. J’ai comparé les simulation COSM de mon micro-BR de 2007 avec le GT-100 v2, et bien : il n’y a pas photo. Dernière précision: le Boss GT-001 est un GT-100 v2 au format compact, sans les interrupteurs au pied, pour être utilisé en studio.