Je suis tombé par hasard sur cette invention australienne en surfant sur le site de Palm Guitars, un magasin d’instruments rares d’Amsterdam.
La « Ellis Stompbox » est une boite en bois avec un micro à l’intérieur et une sortie jack pour la connecter sur une sono ou un ampli de basse. L’idée est de transformer votre pied en un puissant instrument de percussion.
Cette « boombox » a été adoptée par nombre de guitaristes acoustiques mais aussi par d’autres instrumentistes. Voici par exemple une vidéo du pianiste Jamie Cullum en train d’utiliser une Ellis Stompbox:
Le site d’Ellis Guitars regorgent de vidéos et il est possible d’y acheter votre exemplaire dans le bois de votre choix (239 dollars australiens sans le port soit environ 150/160 Euros au cours du change actuel).
Je ne pense pas que Jeff Beck ait besoin d’être présenté. Il est l’un des inventeurs de la guitare rock, a joué avec tout le monde ou presque mais il est surtout l’un des guitaristes de rock les plus originaux.
Nous allons voir comment nous pouvons approcher son son de guitare en utilisant des pédales assez communes et évoquer plus en détails son style guitaristique inimitable. Si vous ne connaissez pas sa musique, le « Live at Ronnie Scotts » sortie fin 2008 est une bonne introduction, il s’agit d’un live récent de Jeff Beck, au sommet de son art.
Il est assez ironique de présenter le matériel de Jeff Beck dans la mesure où il s’agit d’un guitariste qui personnifie une notion que je partage à 100%, à savoir que le « son est dans les doigts ». Bien sûr, il faut un peu plus que juste dix doigts pour obtenir un son de guitare mais dans le cas de Jeff Beck, le matériel représente certainement moins de la moitié de son son. D’aucuns disent qu’il est un « multi-effet ambulant » et c’est un peu vrai. En tout état de cause, son matériel est choisi pour lui permettre d’utiliser toutes ses techniques sonores.
Guitare
Commençons pas ses guitares. Bien qu’il ait utilisé nombre de modèles au cours de sa longue carrière, y compris des Les Paul et des Telecaster, on associe le plus souvent Jeff Beck à la Fender Stratocaster, guitare qu’il utilise quasi-exclusivement depuis 30 ans. Il en exploite d’ailleurs toutes les ressources sonores : utilisation tantôt subtile tantôt abusive du vibrato, brillance du micro aigu, qualité plus sombre du micro grave, violoning en utilisant le bouton de volume, slap, etc.
Il est intéressant de remarquer que tout comme Eric Clapton, Jeff Beck dispose d’un modèle « signature » de Stratocaster depuis les années 80 et que ce modèle a changé au cours des années. Je me rappelle que je bavais devant le modèle Jeff Beck d’il y a 20 ans, celui-ci était équipé de micros lace sensor et d’un curieux double-bobinage en position aigue. Le modèle actuel est équipé de micros Fender noiseless et d’un système de vibrato moderne nommé LSR roller nut.
Amplis
Jeff Beck est resté fidèle aux amplis Marshall. J’ai eu la chance de le voir à l’Olympia en 2001 et il utilisait à l’époque deux deux-corps JCM 2000 DSL 100. C’est d’ailleurs une configuration qu’il a utilisé pendant quasiment toutes les années 2000. Les férus de matos on remarqué un changement lors du « Live at Ronnie Scotts » en 2008 et dans les concerts d’après. En effet, il est passé de DSL 100 à un JTM-45 (sans master volume) et un Vintage Modern. Quoiqu’il en soit, Jeff Beck a indéniablement un « son Marshall ». Pour les plus anglophones d’entre vous, sachez qu’il y a ici, un entretien récent en vidéo avec le technicien guitare de Jeff Beck qui donne un certains nombre d’informations intéressantes au sujet de ses amplis et de leurs réglages. On y apprend en particulier que le JTM-45 a une place prépondérante dans le dispositif, que les basses sur l’ampli sont à zéro et que les contrôles de la guitare sont mis à contribution pour changer la couleur sonore. A ce sujet, le modèle de stratocaster que Jeff Beck utilise a un contrôle de tonalité générale et non pas un contrôle de tonalité pour le micro grave, un pour le micro milieu et aucun pour le micro aigu comme c’est le cas traditionnellement.
Effets
Au cours de sa carrière, Jeff Beck est connu pour avoir utilisé très peu d’effets entre sa guitare et son ampli. Pendant un temps, vers les années 80, il utilisa une distorsion Proco Rat mais aussi un flanger. Quand je l’ai vu sur scène en 2001, il n’avait qu’une wah wah entre sa guitare et ses amplis. Pour le « Live at Ronnie Scotts » et les concerts ultérieurs, il a été vu en train d’utiliser une pédale d’overdrive assez rare et chère, la Klon Centaur de façon à obtenir plus de saturation (ou peut-être pour compenser le fait que le JTM-45 a moins de saturation qu’un ampli Marshall récent).
Cependant, c’est que cela n’est pas parce qu’il n’utilise pas beaucoup d’effets entre sa guitare et son ampli qu’il n’utilise pas d’effet du tout. Dans la plupart de ses enregistrements studio, le son de Jeff Beck se voit « augmentée » d’une assez grosse réverb et parfois de delay. Quand je l’ai vu sur scène, on pouvait clairement entendre de la réverb et du delay ajoutés à la console. Petite digression à ce sujet, la quantité de réverb que l’on peut utiliser en live dépend du lieu, pas besoin de réverb dans une église par exemple.
Pendant le « Live at Ronnie Scotts », on peut voir grâce au DVD enregistré pour l’occasion, qu’une réverb Lexicon ALEX est posée sur l’un des amplis. Plusieurs personnes disent avoir claierement vu Jeff Beck manipuler la réverb en question pendant le concert. Il semblerait que comme Ronnie Scott est un club relativement petit, une unité de réverb ait été nécessaire pour obtenir ce son spacieux.
Recréons le son de Jeff Beck
Pour recréer le son de Jeff Beck, j’ai décidé délibérément d’utiliser une des pédales d’overdrive les plus communes et les moins chères du marché, la BOSS SD-1, branchée dans un ampli en son clair. La SD-1 sera plus proche du son de Jeff Beck d’il y a quelques décennies que du son récent où il me semble utiliser plus de gain.
J’ai également décidé d’ajouter une pédale de réverb, une BOSS RV-3, malheureusement plus fabriquée mais n’importe quelle bonne réverb peut faire l’affaire (voir même la réverb de votre ampli).
Une overdrive, une réverb et… une Stratocaster bien sûr. Ma strat est une American Classics Custom Shop équipée de micros à réduction de bruit Kinman. Mon système de vibrato classique a d’ailleurs eu du mal à tenir l’accord…
L’idée ici est de montrer que vous n’avez pas besoin d’un monstrueux Marshall pour « approcher » le son du maitre. Ce qui est difficile à reproduire sont les différentes techniques utilisées plus ou moins subtilement par Jeff Beck pour créer ces sons si uniques, juste avec la guitare :
utilisation des doigts, pas de médiator !
slap : Jeff Beck tire souvent sur les cordes comme les bassistes le font quand ils slappent. C’est particulièrement efficace avec une strat, peut-être parce que le vibrato « rebondit » en quelque sorte.
violoning : utilisation du volume de la guitare pour supprimer l’attaque des notes et ainsi créer un effet de « violon »
vibrato: utilisé aussi bien pour créer des effets de modulation subtils ou beaucoup plus prononcés. Jeff Beck est l’un des maitres absolus en matière d’utilisation du vibrato.
utilisation des différents micros de la strat : brillance du micro aigu, son plus sombre du micro grave
C’est un catalogue incomplet bien sûr mais je démontre, enfin j’essaye, certaines de ces techniques dans cette vidéo (qui j’en suis bien conscient n’est pas exactement un grand moment de musique) :
Les réglages étaient les suivants:
Sur le Champ: Volume 2.5, Bass 10 Treble 2
Sur la SD-1 : Gain à fond, tone à 9 heures et level à 1 heure
Sur la RV-3: Mode Hall, Balance à 1 heure, tone à 10 heures, Time à 1 heure
Le tout a été enregistré avec un BOSS Micro-BR, repris avec un shure SM-57 et mixé dans Cubase 5, un peu de compression a été ajoutée à la guitare et au mix.
Enfin, voici un court échantillon montrant le son clair de base suivi du son saturé avec la SD-1 seul et enfin l’ajout de la réverb RV-3 :
[audio:http://www.guitartoneoverload.com/audioHIDDENZZZZ/JeffBeckFX.mp3|titles=Jeff Beck FX Before and After]
BOSS US propose de nombreuses informations pratiques en matière de son de guitare. Tout d’abord, les « sons du mois » sont concoctés pas Paul Hanson. Il montre comment reproduire le son ou les sons de guitare d’une chanson connue en utilisant quelques pédales BOSS. C’est très cool et très visuel, je vous engage à cliquer sur l’image pour vous rendre à l’index :
Le même Paul Hanson anime depuis quelques années déjà un podcast qui parait environ tous les deux mois. Il vous faudra un très bon niveau d’anglais pour suivre mais il y a beaucoup d’informations intéressantes à glaner, la plupart des guitaristes et bassistes interrogés étant des musiciens de studio chevronnés.
Au début des années 90, en 93 plus exactement, je jouais déjà depuis quelques années et décidai de dépensant l’argent d’un job d’été pour acquérir un splendide Vox AC-30 vintage. C’est un ampli d’enfer mais ayant un seul canal et ne comportant pas de master volume, la seule façon d’obtenir un bon gros overdrive est de le mettre à fond. Et un AC-30 à fond, croyez moi, c’est plutôt fort (euphémisme).
Je décidai donc de trouver une pédale de distorsion pour complémenter mon ampli. A l’époque, avant l’internet, dans une ville de taille moyenne de l’est de la France, il n’y avait pas le choix démesuré que l’on peut avoir maintenant. Je me rendis au magasin de guitares local où le vendeur me dit: « tu devrais essayer une des nouvelles pédales Marshall, c’est plutôt sympa pour obtenir un son Marshall branché dans un ampli réglé en son clair ». J’achetai donc une Shredmaster flambant neuve et elle a été ma principale distorsion pendant près de 10 ans.
La Shredmaster n’était pas le premier coup d’essai de Marshall. En effet, dans les années 80, la pédale de distosion « guv’nor » avait fait le bonheur de beaucoup de guitaristes de rock. Au début des années 90, Marshall décida de remplacer la guv’nor par un trio de pédales, chacune étant dédiée à un public particulier: la Bluesbreaker, la Drivemaster et la Shredmaster.
La Bluesbreaker est une overdrive assez légère, la Drivemaster était supposée sonner comme un JCM-800 (classic rock quand tu nous tiens) et la Shredmaster était la pédale à plus haut gain des trois. De nos jours, le niveau de gain de la Shredmaster ferait sourire en comparaison des nombreuses pedales « métal » du marché, à commencer par la Marshall Jackhammer qui est la remplaçante « spirituelle » de la Shredmaster, mais à l’époque elle offrait beaucoup de gain. Comme son nom l’indique, la Shredmaster visait plutôt les guitaristes adeptes du « shredding », animaux le plus souvent à poils longs et dont le but dans la vie est de jouer des triolets à un tempo de 450Bpm. Contre toute attente, les guitaristes les plus célèbres ayant adopté la Shredmaster ne sont pas des « shreddeurs » mais des adeptes d’un rock plutôt planant, j’ai nommé Jonny Greenwood et Thom Yorke de Radiohead. Et d’ailleurs, quand la rumeur a commencé à colporter leurs noms au sujet de la Shredmaster, le cours de cette pédale sur le marché de l’occasion s’est envolé.
La Shredmaster a ses fans mais aussi ses détracteurs. Nombres de guitaristes l’ayant essayé pensent que sa réputation est exagérée. Je pense pour ma part que c’était la première pédales à proposer un son Marshall aussi authentique. Bien réglée dans un bon ampli à lampes, elle est capable de prouesses. Au risque de me répéter, son niveau de gain n’est pas énormissime ce qui peut décevoir ceux qui s’attendent à un modèle « death metal » quoiqu’avec la bonne guitare et/ou un boost, il est possible d’obtenir des gros sons. Cela étant dit, le niveau de gain va de blues à métal tendance années 80 en passant par toutes les couleurs du rock. De plus l’égalisation est plutôt efficace et propose trois réglages: basses, aigus et « contour » qui sert à creuser les médiums en quelque sorte. Ce trio est complété par un bouton de gain et un bouton de volume. Le gain devient vraiment efficace à plus de la moitié, à tel point que je me demande à quoi la première moitié peut servir. Enfin, le volume permet de booster le signal dans des proportions plus que raisonnables.
J’ai enregistré plusieurs vidéos pour lesquelles j’ai branché ma bonne vieille Shredmaster dans un ampli à lampes 5 watts Fender Silverface Champ. C’est un ampli assez brillant donc les réglages étaient les suivants:
sur l’ampli: Volume 2.5, Bass 10, Treble 2
sur la Shredmaster: Gain 3 heures, bass 1 heure, contour 8 heures (minimum), treble 9 heures, volume 2 heures
La Shredmaster était branchée en direct sur le Champ et le tout est repris par un micro Shure SM-57. J’ai ajouté de la réverb avec Cubase 5 et le preset « Plate 3s » de son plug-in « Reverence ».
Avec une Gibson SG 61 Reissue, voilà le résultat :
Et avec une Telecaster de 1978 équipée des micros d’origine :
Et enfin une démo plus « rock » avec la Gibson SG 61 reissue :
Vous me pardonnerez pour les imperfections car j’ai improvisé lourdement lors des enregsitrements.
La Shredmaster n’est malheureusement plus fabriquées donc il vous faudra vous tourner vers le marché de l’occasion pour en trouver une. Il existe également un clone au prix raisonnable nommé Hellrazor et fabriqué par une petite société nommée Pure Analog Effects. Une rumeur court à propos de la Jekyll and Hyde de Visual Sound, d’aucuns prétendent que son canal distorsion est très inspiré par la Shredmaster. A l’écoute des démo, je trouve qu;il y a tout de même une grosse différence (la Jekyll and Hyde me semble avoir plus de gain) mais je n’ai jamais pu comparer avec une vraie Shredmaster.
En tout état de cause, si vous vous décidez à trouver une Shredmaster d’occasion ou d’acheter un clone, je ne pense pas que vous le regretterez !