J’aurais pu commencer cette série consacrée aux guitaristes de tous bords par un article sur un virtuose heavy-metal instrumental (et croyez moi, je les écoute tous ou presque) mais j’ai décidé de me pencher sur le style et le son du guitariste de The Cure: Robert Smith. Je vais également tenter de reproduire ses textures atmosphériques caractéristiques en utilisant des pédales répandues.
Les Cure se sont formés en 1976 et s’appelait d’abord « The Easy Cure ». Ils changèrent leur nom en « The Cure » 2 ans plus tard. Leur style est assez sombre que ce soit au niveau de la musique ou des paroles. Ils sont considérés comme un des chantres du style « new wave » avec entre autres Joy Division. Les Cure existent toujours aujourd’hui et ont sorti un album (4:13) en 2008. Bien que les membres du groupes aient changé souvent au fil des ans, Robert Smith, chanteur/guitariste est une constante (avec le bassiste Simon Gallup). Il écrit également la plupart des morceaux. Vous pouvez trouver une biographie plus complète ici.
En tant que guitariste, Robert Smith crée des textures atmosphériques à grand coup d’effets de modulation et de delay. A partir de l’album « disintegration » sorti en 1989, la guitare « baritone » Fender Bass VI, sorte d’hybride entre basse et guitare, devient un de ses instruments favoris. Il en reste l’un des rares utilisateurs dans le monde du rock.
Mais je vais me pencher ici plus précisément sur un album qui, pour moi, a défini le son des Cure: seventeen seconds sorti en 1980 (cela ne nous rajeunit pas). Cette album comporte un morceau d’anthologie: ‘A Forest’. Ce morceau était si important dans les années 80 que nous l’avions choisi comme le tout premier morceau à reprendre dans mon tout premier groupe (je jouais du clavier avec un doigt à l’époque donc « The Cure » était tout indiqué).
La production de ‘A Forest’ est détaillée dans l’édition de décembre 2004 du magazine britannique de référence Sound on Sound (en Anglais). On y apprend que le son de guitare « de base » provient d’une Fender Jazzmaster branchée dans un ampli Roland JC-120 dont le chorus stéréo intégré et le son clair ont été capturés par deux micros. S’ajoute à cela une pléthore d’effets de studio (flanger, delay et réverb) pour créer ce son très atmosphérique. Au début du morceau, le son de guitare est modulé mais assez sec pour devenir plus spacieux par l’introduction de delay vers la fin.
Cette séquence est reproduite dans cette version live de 1984 et Robert Smith utilise des pédales pour reproduire le son studio:
Il y a beaucoup de version live de ‘A Forest’ sur youtube et vous remarquerez que dans les versions plus récentes, le son de guitare est moins sec et comporte encore plus de modulation et de delay.
Pour tenter de reproduire le son de Robert Smith, j’ai utilisé les pédales suivantes ( le maquillage et la coupe de cheveux sont optionnels):
- Un flanger Boss BF-2 (il a été remplacé par le BF-3 dans la gamme Boss mais il est très facile de le trouver sur le marché de l’occasion). Réglages utilisés: manual 60%, Depth 75%, Rate 50% and Res 25%.
- Un delay Boss DD-3: tous les réglages à 50%.
- Une réverb Boss RV-3 (remplacée par la RV-5): balance 25%, tone 30%, r.time 40%, mode 10
Bien sûr, d’autres marques que Boss peuvent convenir pour s’approcher du son de Robert Smith. Au minimum il vous faut un bon flanger ou chorus (j’opterais plutôt pour un flanger mais un chorus assez puissant peut convenir aussi). L’intéressé lui-même est un fan de Boss et utilise ou a utilisé tous les modèles de pédales de modulation (chorus et flanger mais aussi phaser) et de delay du fabricant. Le site de Roland donne des informations en français sur la gamme.
Pour ces exemples sonores, j’ai utilisé une Fender Stratocaster (des micros simple bobinage me paraissent plus adaptés) Custom Shop American Classics de 1997 équipée de micros « sans bruit » (noiseless) Kinman. La guitare est branchée dans les pédales en série puis dans un préampli Marshall JMP-1 réglé avec un son clair (canal « clean 1 » et gain de seulement 9). Le préampli est branché directement dans un enregistreur multipiste Boss Micro-BR.
Guitare seule d’abord (son clair avec juste de la réverb, flanger enclenché en deuxième partie et enfin delay dans la troisième partie):
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Et maintenant voici une tentative de reproduire l’atmosphère de ‘A Forest’ (je joue l’intro puis une impro qui rappelle la fin du morceau, la basse est enregistrée en direct et la batterie provient de la boîte à rhythme du Micro-BR):
on l’entend vraiment bien le flanger lorsque tu l’enclenche dans l’intro 🙂